Aimer son deuxième enfant autant que le premier : mythe ou réalité ?

Aimer son deuxième enfant autant que le premier : mythe ou réalité ?

3 février 2024 0 Par creamomes

L’adage populaire « un enfant ça change tout, deux enfants ça change doublement tout ! » prend ici tout son sens. Car si la venue d’un premier bébé bouscule indéniablement les repères et habitudes du couple, celle d’un deuxième n’est pas en reste. Outre les conséquences pratiques évidentes (organisation familiale et budgétaire chamboulées, fatigue accrue…), l’arrivée de ce « petit dernier » soulève bien souvent de profondes interrogations.

La plus récurrente d’entre elles concerne sans conteste la répartition de l’amour maternel. Une mère peut-elle aimer son deuxième enfant avec la même intensité, le même enthousiasme que le premier ? Ne risque-t-elle pas de délaisser l’un au profit de l’autre ? Bref, est-il possible de chérir ses enfants de manière égale quand tout, dans leur venue au monde, les oppose ?

C’est précisément à cette question sensible que nous allons tenter de répondre au fil de cet article. Pour y voir plus clair, analysons d’abord ce qui change concrètement entre une première et une seconde grossesse. Puis tentons de comprendre les ressorts complexes des sentiments maternels. Enfin, évoquons plusieurs pistes pour accompagner au mieux mamans et enfants dans cette période de transition délicate.

baby in white shirt and black pants lying on brown carpet

Une deuxième grossesse très différente de la première

Commençons par un constat physique évident : une femme enceinte pour la seconde fois n’éprouve pas les mêmes sensations que lors de sa première grossesse. La magie de la découverte et les bouleversements hormonaux s’estompent, laissant place à une expérience plus « routinière ». D’un point de vue pratique également, tout change : la future maman doit désormais concilier les impératifs de sa grossesse (suivi médical, fatigue, maux divers) et les besoins de son aîné. Le futur « grand frère ou grande sœur » apporte donc son lot de perturbations ! Voyons plus en détails ce qui distingue ces deux grossesses sur le plan concret.

Une organisation familiale chamboulée

Lorsque bébé #1 pointe le bout de son nez, les jeunes parents découvrent un nouveau rôle, de nouvelles responsabilités. Tout est à construire ou presque dans ce nouveau schéma. L’arrivée d’un second enfant s’inscrit au contraire dans une cellule familiale désormais bien structurée. D’où un changement de paradigme qu’il convient d’anticiper !

Une logistique complexifiée

Avec un enfant à charge, chaque déplacement devient une organisation millimétrée. Plus question de sortir sur un coup de tête ! Il faut prévoir le matériel adapté (poussette, couches, changes…), respecter les heures de sieste et de repas. Bref composer avec les impératifs d’un tout-petit ! La venue d’un second bambin accroît la difficulté. Désormais, il faudra jongler entre les besoins spécifiques de chacun… De quoi vous donner le tournis !

Côté vie domestique, la charge de travail explose littéralement :Lessives et biberons en quantités doublées, deux chambres à ranger, deux enfants à habiller/laver/coucher… Vous risquez de crouler sous les tâches ménagères ! Sans compter votre propre fatigue liée à la grossesse. Ménagez-vous et n’hésitez pas à solliciter votre entourage. Mieux vaut prévenir que guérir !

Un mode de garde complexe

Le mode de garde de votre aîné est-il compatible avec l’accueil d’un second bébé ? Renseignez-vous au plus vite auprès de votre crèche, assistante maternelle ou garde à domicile. Certaines structures proposent des tarifs dégressifs ou des réservations prioritaires pour les fratries. Attention toutefois aux délais d’attente parfois très longs !

Une garde alternée peut aussi être envisagée (crèche pour l’un, nounou pour l’autre). Outre la logistique complexe que cela implique, assurez-vous que votre aîné vive bien ce changement. La séparation avec un univers connu risque de le perturber !

baby smiling and lying forward

Un budget en hausse

Si vous possédez déjà l’essentiel du matériel de puériculture, quelques investissements complémentaires seront malgré tout nécessaires : un deuxième lit à barreaux, rehausseur de chaise haute, trotteur double… Prévoyez également le coût des couches-culottes qui va doubler, celui des vêtements selon les saisons de naissance…
Bref, intégrez toutes ces dépenses supplémentaires à votre budget previsionnel ! Et pour limiter les frais, n’hésitez pas à chiner des vêtements de seconde main. On trouve de véritables trésors à petit prix !

Des maux de grossesses amplifiés

Physiquement, porter un second enfant n’a rien de comparable avec une première grossesse. Le corps de la future maman est déjà « marqué » par son aîné : vergetures, muscles distendus… Résultat, les désagréments s’accumulent !

Un ventre qui pèse beaucoup plus lourd !

Au 2ème trimestre, votre utérus atteint plus rapidement le haut de votre ventre. Ses parois étant moins toniques, vos abdominaux distendus, ce poids supplémentaire se fait très vite sentir ! Mal au dos, contractions, varices, problèmes de circulation sanguine … Surveillez attentivement ces symptômes. Et ménagez-vous !

Des carences accentuées

Votre organisme puisant davantage dans vos réserves, les risques de carences vitaminiques s’accroissent. Fer, calcium, vitamine D… Faites régulièrement analyser votre sang pour dépister et combler ces déficits. Vous supporteriez mieux les maux de cette grossesse !

Un accouchement souvent plus rapide

La nature étant bien faite, un second accouchement s’avère généralement plus court qu’un premier ! Le col de l’utérus ayant déjà « travaillé », ses fibres musculaires se dilatent plus facilement. Ce qui facilite le passage du bébé !

Néanmoins, quelques complications sont possibles : hémorragie de la délivrance si l’utérus se contracte insuffisamment, décollement du placenta ou rupture utérine en cas d’antécédent de césarienne. D’où l’importance d’un suivi rigoureux durant cette seconde grossesse…

Un contexte psychologique très différent

Sur le plan émotionnel, la donne change également du tout au tout entre ces deux grossesses. D’une part, parce que le bonheur innocent des débuts laisse place à de nombreuses inquiétudes. D’autre part, parce que ce second enfant vient modifier en profondeur la relation exclusive établie avec l’aîné. Ambivalence et culpabilité peuvent alors prendre le dessus…

baby's gray knit hat

La fin d’un cocon à deux

Après des années d’attente, des mois de préparatifs et une grossesse trépidante, vous aviez enfin réussi à construire ce doux nid d’amour rêvé pour trois. Un univers fait de tendresse, de câlins, de complicité fusionnelle avec votre moitié… mais aussi avec cet enfant tant désiré !

Or, cette bulle protectrice s’apprête à éclater avec l’arrivée de ce petit intrus. Vous craignez alors de ne plus trouver ces moments suspendus en tête-à-tête avec votre « bébé ». La peur que rien ne soit plus jamais comme avant s’insinue, suscitant un sentiment de culpabilité latent.

La crainte de délaisser son aîné

Lorsqu’il était bébé, vous aviez la sensation de ne vivre que pour lui. Chacun de ses sourires, chacune de ses vocalises vous transportait de bonheur ! Alors, le voir réclamer toujours plus d’attention tandis que vous peinez à soulever votre ventre alourdi vous fend le cœur. Cette inquiétude de le délaisser, de rater des étapes cruciales de son développement vous ronge. D’autant que votre Samuel était si sage, si épanoui avant l’arrivée de ce petit intrus…

L’impression de ne pas aimer ce deuxième enfant

Bien au chaud dans votre utérus s’épanouit un parfait inconnu. Un être mystérieux au visage encore flou, au tempérament 100% imprévisible. Comment l’aimer autant que votre premier trésor, celui qui vous comble de joie depuis déjà un an ?

Pire, sa venue prochaine vous angoisse, vous énerve presque. Vous n’arrivez pas à vous réjouir à 100% comme lors de votre première grossesse. Terrible sentiment de culpabilité… Pourtant, les échographies continuent de vous émouvoir. Allez savoir pourquoi !

Les ressorts complexes du sentiment maternel

On ne choisit pas qui l’on aime, ni comment, ni pourquoi… Cet adage prend tout son sens en ce qui concerne l’amour maternel ! Car celui-ci résulte d’un subtil dosage entre affinités naturelles, influences familiales et facteurs biologiques. Intéressons-nous de plus près aux rouages de cette alchimie si particulière.

 

Des comportements innés

Contrairement aux idées reçues, l’amour maternel n’a rien d’évident, ni d’inconditionnel ! Il suffit d’observer le règne animal pour s’en convaincre. Dans de nombreuses espèces, les mères rejettent ou tuent même leurs petits jugés trop « diférents », faibles ou malformés. Des instincts de survie primaires qui seraient aussi à l’œuvre chez l’être humain…

L’empreinte, un phénomène ancestral

Chez les nouveau-nés oiseaux ou certains mammifères, le premier être vivant aperçu (la mère dans la majorité des cas) devient l’ « objet d’attachement » exclusif. Un lien puissant et vital se tisse alors. Ce comportement instinctif, essentiel à la survie de l’espèce, porte le nom d’ « empreinte ».

Or, plusieurs études tendent à prouver que ce mécanisme existe aussi chez le nourrisson. Durant ses premières heures de vie, il développerait une attirance immédiate et viscérale pour un visage et une voix familière : celle de sa mère. Base de son attachement ultérieur !

La synchronie émotionnelle

Autre réflexe surprenant : lorsqu’une maman regarde son bébé dans les yeux, leurs rythmes cardiaques synchronisent. Un phénomène baptisé « synchronie émotionnelle » qui renforce considérablement leur lien affectif ! Plus étonnant encore, cette connexion invisible perdurerait tout au long de la vie, y compris à distance…

Un amour à géométrie variable

Même parmi ses rejetons, une mère mammalienne distribute son amour de façon très inégalitaire. Chez les singes par exemple, elle porte une attention toute particulière au petit dominant de la portée, celui présentant le plus de chances de survie. Quitte à négliger les plus faibles !

Ces comportements de prédilection s’observent également chez les humains. Une maman choisit souvent (consciemment ou non) un « enfant préféré » auquel elle s’identifie davantage. Au grand dam de sa fratrie…

Des facteurs psycho-émotionnels

Heureusement, le cerveau humain nettement plus développé que celui de nos lointains cousins permet de réguler ces penchants primaires. Encore faut-il comprendre les motivations profondes qui sous-tendent le lien mère-enfant. Car notre héritage familial pèse aussi beaucoup dans la balance !

sleeping baby on white textile

Combler ses propres manques

Une femme projette immanquablement sur ses enfants ses rêves inassouvis et ses blessures passées. Inconsciemment, elle attend d’eux qu’ils comblent ses failles affectives, réalisent son idéal. Clara, 36 ans, en témoigne : « Avec ma première fille, j’ai reproduit le schéma fusionnel toxique que j’entretenais avec ma propre mère. Ce qui nous a valu des années de crises et de disputes violentes ! ».

A contrario, un bébé trop différent, trop indépendant peut déstabiliser par son altérité. D’où des relations plus complexes…

Rejouer des traumatismes anciens

Outre ses aspirations intimes, une maman convoque également des souvenirs douloureux au moment de devenir parent. Car la maternité confronte immanquablement au passé. Or, chacun aborde ce tournant crucial avec son propre bagage. Bagage plus ou moins lourd à porter…

Ainsi, Sophie 31 ans, maltraitée enfant, sombra dans une grave dépression après la naissance de ses jumelles. Incapable de leur donner le surplus d’amour espéré. Alors que sa première fille l’enthousiasmait ! Preuve que chaque grossesse réactive des blessures singulières…

Surmonter la jalousie viscérale de l’aîné

Difficile pour un enfant unique de partager l’attention exclusive de ses parents avec un rival de taille ! La venue d’un cadet réactive en effet de profondes angoisses narcissiques. D’où des réactions contrastées : régression, agressivité, …

Difficile pour un enfant unique de partager l’attention exclusive de ses parents avec un rival de taille ! La venue d’un cadet réactive en effet de profondes angoisses narcissiques. D’où des réactions contrastées : régression, agressivité, mutisme…

Face à ces caprices en série, la maman oscille entre agacement et culpabilité. Dangereux cocktail pouvant gripper la relation ! Heureusement, le temps apaise généralement ces rancœurs. Reste à faire preuve de doigté pour dépasser cette « crise »….

Des facteurs biologiques déterminants

Enfin, pour compléter ce tableau, abordons l’influence du patrimoine génétique sur les liens mère-enfants. Car notre bagage chromosomique détermine largement nos traits de caractère et affinités personnelles. Or, nous affectionnons spontanément ceux qui nous ressemblent !

L’empreinte génétique du père

Incroyable mais vrai : bien qu’extérieur au processus, un homme imprime sa signature dans l’ADN de ses enfants ! Selon qu’il s’agisse d’un garçon ou d’une fille, ce sont les gênes paternels ou maternels qui s’exprimeront. D’où des caractères sensiblement différents.